Circuit du médicament - L'accès au médicament

Last but not least

En France comme en Europe, pour être commercialisé et ainsi devenir accessible au patient, le médicament doit être autorisé puis éventuellement admis à un remboursement qui peut être variable. L’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) est la garantie que le médicament possède un profil satisfaisant en termes de qualité, de sécurité et d’efficacité, et qu’il peut être mis à disposition dans des conditions d’utilisation précisément définies.

Enregistrement et Autorisation de Mise sur le Marché (AMM)

L’AMM est délivrée par les instances règlementaires nationales et/ ou européennes : l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) en France et/ou la Commission européenne après avis du Comité pour les médicaments à usage humain (CHMP) de l’Agence européenne du médicament (EMA). La procédure nationale d’AMM est de moins en moins utilisée, au profit de la procédure centralisée européenne ; l’autorisation de mise sur le marché est alors valable pour tous les pays membres de l’Union Européenne. La procédure centralisée est obligatoire pour certains médicaments comme les médicaments orphelins (selon le règlement CE n°2000/141). Attention, l’octroi d’une AMM communautaire ne signifie pas que le médicament sera automatiquement disponible dans les 27 pays de l’Union. Il revient au titulaire de l’AMM d’entreprendre les formalités nécessaires à la négociation du prix dans chacun des pays où il souhaite commercialiser son produit.

Les autorités compétentes délivrent ou non l’autorisation de mise sur le marché après une analyse « bénéfices/risques » sur 3 critères : Qualité (origine et nature des matières premières, procédés de fabrication, stabilité du produit fini, sécurité virale des produits biologiques etc…), Efficacité en regard des médicaments déjà disponibles le cas échéant, Sécurité (effets indésirables, toxicité…).

Toutes les informations sont issues des données précliniques  et cliniques accumulées tout au long du développement du médicament.

A noter qu’une demande d’AMM pour une indication pédiatrique doit être accompagnée d’un PIP (Plan d’Investiagtion Pediatrique), déposé pendant la phase 1.

Les notifications d’AMM (procédure centralisée) sont publiées au Journal officiel de l’Union européenne, avec la date d’autorisation et un numéro d’inscription au registre. Les AMM délivrées à l’issue de la procédure centralisée sont dites communautaires. Elles sont valables pour une période initiale de 5 ans. L’autorisation peut être renouvelée pour une durée illimitée si le promoteur en a fait la demande dans les 6 mois qui précèdent la date d’expiration, et s’il a fourni un rapport confirmant la qualité, la sécurité et l’efficacité de son produit avec les éventuelles variations introduites au cours des 5 ans d’AMM. Par ailleurs toute AMM qui n’a pas été suivie d’une commercialisation du médicament dans les 3 ans, n’est plus valide.

Des procédures dérogatoires permettant l’octroi d’AMM exceptionnelles ou conditionnelles sont d’intérêt notable pour les maladies rares. Ces AMM sont délivrées pour un an et renouvelables après examen annuel. Les obligations du demandeur de ces AMM sont les mêmes, à savoir, le cas échéant, le respect d’obligations réglementaires spécifiques concernant la sécurité du médicament et la notification aux autorités compétentes de tout incident lié à l’utilisation du médicament ainsi que des mesures spécifiques à prendre dans ce cas.

L’AMM conditionnelle est prévue pour le cas où un dossier de demande ne fournit pas (encore) suffisamment de données de sécurité et d’efficacité du médicament mais démontre que le médicament répond à des besoins médicaux non satisfaits et que son rapport bénéfice/risque est favorable.

L’AMM exceptionnelle est prévue pour le cas où le promoteur est dans l’impossibilité (objective et vérifiable) de fournir des données complètes sur l’efficacité et la sécurité du médicament dans des conditions normales d’utilisation.

Dans le cas de ces procédures dérogatoires, on comprend d’autant mieux le poids des données de ‘vraie vie’ et l’importance d’avoir préparé avec l’association de patients les mesures utilisées dans l’essai clinique et permettant d’objectiver l’amélioration apportée par le médicament, du point de vue du patient.

En parallèle de l’AMM – Accès précoce ou compassionnel, ODD, PUMA

Les médicaments bénéficiant de ces accès sont pris en charge automatiquement par l’Assurance Maladie. Un recueil de données en vie réelle des patients bénéficiant de ces traitements est effectué par le demandeur des accès.

L’accès compassionnel, délivré par l’ANSM, concerne les médicaments pour lesquels aucune stratégie commerciale, donc aucune AMM, n’est envisagée dans l’indication visée.

L’accès précoce, délivré par la Haute Autorité de Santé (HAS), concerne les médicaments pour lesquels une AMM est envisagée. L’accès pré-AMM permet de disposer du médicament pendant la durée de dépôt et d’analyse du dossier d’AMM. L’accès post-AMM permet de disposer du médicament pendant la durée des négociations sur le prix du médicament.

L’ODD (Orphan Drug Designation – désignation médicament orphelin), déposée pendant la phase préclinique, sera examinée lors de la délivrance de l’AMM afin de déterminer la supériorité thérapeutique du médicament et octroyer une exclusivité commerciale de 10 ans à son propriétaire, prolongée à 12 ans en cas de plan d’investigation pédiatrique (PIP) déposé pendant la phase 1.

Le PUMA (Paediatric-Use Marketing Autorisation – AMM pédiatrique) concerne les médicaments ayant déjà une AMM chez l’adulte mais n’étant plus protégés par un brevet. Délivré par l’EMA, il apporte plusieurs avantages dont une exclusivité commerciale de 10 ans. Il nécessite d’avoir déposé un PIP (Plan d’Investigation Pédiatrique) pendant la phase 1.

Le post-AMM – Accès au marché : négociation du prix et remboursement

En France, une fois l’AMM obtenue, le médicament est évalué par la Commission de la Transparence (CT) de la HAS. Elle analyse la qualité de l’essai de clinique et de la méthodologie utilisée. Elle compare le médicament avec les traitements déjà existants. Elle fournit un avis via deux indicateurs : le Service Médical Rendu (SMR – majeur, modéré, faible, insuffisant) et l’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR). Cette évaluation conditionne l’inscription du médicament sur la liste des spécialités remboursables, la fixation de son taux de remboursement (par l’UNCAM – Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie) et son prix (négocié avec le CEPS – Comité Économique des Produits de Santé).

Pour aller plus loin : https://www.podcastics.com/podcast/episode/lacces-au-marche-127322/

Temps, coût, taux de succès

Ces étapes peuvent durer 1 à 3 ans et représenter 4% du montant global*.

The R&D Cost of a New Medicine, Jorge Mestre- Ferrandiz, Jon Sussex and Adrian Towse, OHE, déc. 2012.

 

Co-construire avec les chercheurs les critères d’évaluation du médicament

Les critères d’évaluation des médicaments par l’EMA, l’ANSM, la HAS reposant aussi sur des éléments de vraie vie, d’histoire naturelle, de diagnostic… on comprend, à nouveau, pourquoi ces éléments sont à préparer bien en amont dans le cycle de développement du médicament, et en collaboration avec les associations de patients !!! Les organismes payeurs n’ayant aucune connaissance de la pathologie, les chercheurs et associations jouent un rôle prépondérant pour apporter cette connaissance et permettre une évaluation juste et objective du médicament.

Ainsi la HAS et l’ANSM incitent les associations et usagers à contribuer aux évaluations de médicaments et dispositifs médicaux :

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2016-11/contribution_asso_patients_guide_v3.pdf

https://ansm.sante.fr/vos-demarches/patient/recours-aux-experts-externes

Représenter les malades et témoigner de la réalité de la maladie auprès des décideurs

L’expertise de la maladie, apportée par l’association, nourrit les décideurs des instances règlementaires de l’accès au marché. Intégrer ces instances permet également aux associations de mieux comprendre comment fonctionne ces agences et comment intégrer au mieux les besoins des malades dans leurs impératifs.

 

Les outils pour les adhérents de l’Alliance maladies rares :

Présentation du circuit du médicament lors de la journée du 02 juillet 2019

Vidéo : Le rôle des associations dans la mise sur le marché d’un médicament – Universités d’Automne 2020

 

Témoignages à venir.

Si vous souhaitez témoigner, n’hésitez pas à nous contacter.

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